Par Flavie Thouvenin
Lundi 25 octobre 2020, au petit matin. J’entame mon 4e jour dans le plat pays, le temps file. Après deux jours à arpenter les ruelles et naviguer au fil des canaux de la belle Bruges, changement d’ambiance ! Nous sommes partis la veille à l’assaut de Bruxelles, avec un programme réjouissant mais chargé : la Grand-Place, le Manneken-Pis, les galeries Saint-Hubert, le marché aux puces de la place du Jeu de Balle… les pieds commencent à chauffer, mais il n’est pas question de s’arrêter.
Aujourd’hui, on prend de la hauteur. À chaque nouvelle escapade citadine, c’est la même rengaine : s’il y a une tour, je me dois d’y monter ! Je collectionne les visites d’observatoires comme celles des plus grands musées. Le beffroi de Bruges n’ayant pas suffi à me rassasier, c’est vers le plateau de Heysel que je pars ce matin : direction l’Atomium, un des symboles de la capitale belge. La météo n’est pas des plus clémentes, un petit vent vient nous rafraîchir le bout du nez et le ciel est bien grisé mais les prévisions des jours suivants promettent de la pluie… c’est maintenant ou jamais !
Un colosse d’aluminium et d’acier
Arrivée sur place, nous sommes visiblement une tripotée à avoir eu la même idée, la queue pour le guichet promettant de longues minutes d’attente… Ce qui nous laisse tout le loisir d’admirer la structure étonnante de ce colosse d’aluminium et d’acier, mi-sculpture mi-architecture. Représentant une maille élémentaire de fer (9 atomes de fer) grossie 165 milliards de fois, l’Atomium surprend par sa forme unique : 3 piliers soutenant 9 sphères de 18 m de diamètre, reliées entre elles par de longs tubes de 3,3 m de diamètre. Pensé par l’ingénieur André Waterkeyn et conçu par les frères architectes André et Jean Polak, l’Atomium fut l’attraction phare de l’Exposition universelle de 1958.
Avec pour slogan « le bilan d’un monde pour un monde plus humain », cette édition de l’Expo entendait initier et réconcilier le grand public avec la science, en plein contexte de guerre froide et sa course à l’armement, et après le traumatisme des bombes atomiques larguées sur le Japon en 1945. Après les sombres années de la guerre, on commence à entrevoir les possibilités illimitées des dernières grandes découvertes scientifiques et l’on se prend à rêver d’un futur magnifié grâce au progrès scientifique. Les navettes remplaceront les voitures, les fusées nous emmèneront aux confins de l’espace-temps, les maladies ne seront plus : c’est le temps de l’espoir et l’âge d’or de la science-fiction ! L’Atomium capte toute l’audace d’une époque et nous offre un véritable voyage dans le temps.
Point de vue sur la capitale belge
Après 30 min d’une attente dans la fraîcheur matinale, nous ne sommes pas mécontents d’atteindre enfin le guichet ! Pass sanitaire scanné, température prise, masques sur le nez (pas d’inquiétude, le protocole Covid est ici très respecté !), billets en poche : la première étape de la visite nous tend les bras. Nous embarquons dans l’ascenseur du tube central, le plus rapide à l’époque de sa construction à raison de 5 m gravis par seconde, direction le sommet ! En 23 petites secondes, nous y sommes déjà.
À 92 m de haut, le panorama qui s’offre à nous est réputé le plus beau de la capitale. Avec sa vue à 360°, on peut, par temps clair, voir jusqu’à Anvers. Pour nous, c’est loupé ! La grisaille se lève peu à peu et nous laisse tout de même une très belle vue sur tout Bruxelles et ses environs, ainsi qu’un beau point de vue sur l’Atomium lui-même. Un spot de choix pour les photographes amateurs (et pour les demandes en mariage aussi, paraît-il !). Après avoir déambulé dans la sphère et tenté d’identifier les monuments de la capitale à l’aide des panneaux jalonnant l’espace, nous rejoignions le rez-de-chaussée en aussi peu de temps qu’il nous en a fallu pour monter… mais la visite est loin d’être terminée !
Au temps de l’Expo
Deuxième étape de la visite : la sphère de base, qui sur plusieurs étages présente une exposition permanente consacrée aux années 1950, à l’Exposition universelle de 1958 et à la construction de l’Atomium. Images et documents d’archives, plans et dessins d’architectes, maquettes et vidéos nous font remonter dans le temps et nous plongent dans l’ambiance de l’époque, sur un air de nostalgie. Il faut dire que l’Expo universelle de 58 fut la dernière organisée sur le sol belge, qui pour l’occasion avait mis les petits plats dans les grands. Sur le plateau du Heysel, entre les mois d’avril et octobre, les pavillons des 44 pays participants attirent pas moins de 43 millions de visiteurs, plaçant Bruxelles sous le feu des projecteurs.
Outre les pavillons de l’URSS et des États-Unis, c’est l’Atomium qui intrigue le plus les badauds : son succès auprès des locaux comme des étrangers est immédiat. Il devient ainsi l’un des spots les plus en vue de la capitale, et un arrêt incontournable pour les touristes. Au départ construit uniquement dans le cadre de l’Expo, il échappe ainsi à la destruction plusieurs fois au cours des décennies, jusqu’à bénéficier enfin de grands travaux de rénovation plus qu’attendus entre 2004 et 2006. L’Atomium est là pour rester !
Un pas dans le passé, un autre dans le futur
À l’intérieur, l’architecture a des allures de sous-marin… ou de vaisseau spatial digne des plus grands space opera, ambiance 2001, l’Odyssée de l’espace ! Un voyage intergalactique qui nous mène d’une sphère à une autre, par le biais d’escalators mécaniques (les plus longs d’Europe à leur construction – jusqu’à 35 m pour l’un d’eux) et d’une flopée d’escaliers, le tout soutenu par une structure de charpente métallique et un alliage en acier et inox impressionnants, illuminés par des néons de couleurs vives. Un univers pour les fans de science-fiction ! Outre la sphère de base réservée à l’exposition permanente, cinq autres sont accessibles au public, l’une accueillant notamment des expositions temporaires sous forme de spectacle son et lumière qui ajoute au mystère des lieux… Petits et grands en prendront à coup sûr plein la vue !
À découvrir avec l’escapade Arts et Vie : Bruxelles, festival de l’Art nouveau à l’Art déco