Par Elsa Rolland Dekowski
Appelée “mer de sel” ou “mer de Loth”, la mer Morte est en réalité un lac salé, niché entre la Jordanie, la Cisjordanie et Israël. Son nom traduit la salinité très importante de l’eau mais surtout l’impossibilité, pour la plupart des espèces vivantes, de s’y développer. Au cœur d’une région d’une immense richesse culturelle – le berceau des trois grandes religions monothéistes –, la mer Morte est une curiosité naturelle unique au monde. Ce lieu exceptionnel risque cependant bien de disparaitre : la mer Morte a déjà perdu les deux tiers de sa superficie par rapport aux années 1970, et le niveau de l’eau continue de diminuer. C’est là une énième conséquence du dérèglement climatique, dont les répercussions pourraient s’avérer catastrophiques pour la région.
La mer Morte, un lieu d’exception
La mer Morte est le point le plus bas de la Terre, située à 430 mètres en dessous de la surface de la mer. Elle est connue pour sa très forte salinité, d’environ 27,5 % (contre 2 à 4 % pour la plupart des autres mers et océans de notre planète !), ce qui empêche toute vie de s’y développer, à l’exception de quelques micro-organismes. Ces eaux turquoise ont cependant plusieurs attraits, et que vous soyez plutôt randonnée ou bien baignade dans une eau cristalline, ce lieu merveilleux vaut largement le détour. Vous expérimenterez l’étrange sensation de flotter à la surface, mais profiterez également d’une eau réputée pour ses nombreux bienfaits, dus aux substances minérales de l’eau et à l’air chargé de souffre. Attention cependant à ne pas trop prolonger la baignade.
Un joyau en voie de disparition
Depuis une dizaine d’années la superficie de la mer Morte ne cesse de diminuer et les plages avancent de plus d’un mètre par an. Les causes sont multiples, mais ce sont le réchauffement climatique et les activités humaines importantes qui mettent la préservation de la mer Morte en péril. Tout d’abord, étant située dans une région aride, le mécanisme de l’évaporation y est très important et l’augmentation des températures, liée au changement climatique, amplifie forcément ce phénomène.
Néanmoins ce sont les activités humaines aux alentours qui sont la cause principale de la disparition progressive de ce joyau, vieux de plus de vingt millions d’années. La mer Morte est principalement alimentée par le Jourdain ainsi que par d’autres petits cours d’eau. Cependant, au fil des décennies, l’apport de ces affluents a fortement diminué en raison de l’utilisation intensive de l’eau en amont du bassin du Jourdain. L’irrigation des cultures, la consommation domestique, mais aussi l’exploitation industrielle, sont ainsi responsables de son assèchement. En effet, les nombreux minéraux contenus dans le sel marin, comme le magnésium ou le potassium, constituent une source de richesse. Plusieurs compagnies industrielles pompent ainsi de grandes quantités d’eau de mer qu’elles laissent s’évaporer pour en récolter le sel.
De multiples conséquences
La baisse du niveau de la mer Morte engendre de nombreuses conséquences tant environnementales, qu’économiques. En se retirant, la mer laisse notamment place à de grandes poches de sel pouvant s’effondrer brusquement, entraînant l’affaissement des terres environnantes et provoquant des effondrements de terrains, des fissures et des dommages aux infrastructures existantes. En bordure de la mer Morte, à nos pieds, de gigantesques cratères créent ainsi un panorama lunaire. Certains atteignent même plusieurs dizaines de mètres de profondeur !
Cet assèchement engendre également la disparition d’espaces naturels tels que les marais salants et les zones côtières, menaçant ainsi tout un écosystème. La biodiversité de la région a ainsi fortement diminué ces dernières années.
Des solutions difficiles à mettre en place
Plusieurs solutions ont été envisagées pour préserver cet écosystème unique et pour atténuer les impacts négatifs sur l’environnement et les activités économiques de la région. Des propositions ont ainsi été faites pour y transférer de l’eau depuis la mer Rouge ou la Méditerranée, afin de compenser la diminution de l’approvisionnement en eau provenant des affluents naturels tels que le Jourdain. Le projet d’un grand canal reliant la mer Rouge et la mer Morte a ainsi été envisagé, mais les coûts seraient pharaoniques, et sa construction demanderait la collaboration des autorités jordaniennes, israéliennes et palestiniennes.
Une autre option a également été envisagée pour répondre aux besoins de la population et réduire la pression exercée sur la mer Morte : le dessalement de l’eau de mer au moyen de grandes usines, actuellement en construction.
En parallèle des solutions techniques, des efforts sont déployés pour sensibiliser le public et la population aux enjeux de la conservation de la mer Morte. Des campagnes d’éducation sont menées pour promouvoir son importance écologique et les actions nécessaires pour la préservation de ce lieu magique.
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